Pour que ta quête un jour te projette

Tout seul, sac au dos en humble pèlerin

Pour que ton rêve aujourd'hui soulève

Autant de poussière en mon pauvre jardin

La route est longue jusqu'à Compostelle

Pour qu'on s'y attelle faut avoir du cœur

Le temps n'est plus de faire mes bagages

Le pèlerinage mMe fait toujours peur

Bien que je sache que rien ne m'attache

Et que je pourrais suivre aussi la même voie

C'est dans ma tête que, toujours secrète, 

Se trace une route où je m'en vais parfois

La marche lente qsétire et serpente

Je tangue et chemine le long des coteaux

Mais mon voyage n'est fait que de mirages

Ô toi, pèlerin, prête-moi ton manteau !

S'il est d'usage comme au Moyen Âge

D'envoyer quelqu'un à sa place marcher, 

Dans tes prières sois mon mandataire

De mon catéchisme, j'ai tout oublié

Les paysages seront les bagages

Que tu garderas au fond de tes yeux clairs

Sous quelques toiles à la belle étoile

Tu feras ton lit dans la douceur de l'air

Sur cette route tu feras sans doute

De belles rencontres. On te tendra la main

Et dans les gîtes Où parfois on s'abrite

Tu ne seras qu'un parmi d'autres humains

D'un pas tranquille, villages et villes

Défileront comme grains de chapelet

Si tu trébuches ne crains pas les bûches

Cette marche est bien celle que tu voulais

Quand la dernière des pluies printanières

Aura baptisé ton voyage fervent

Et quand plus vite tes pieds qui méditent

T'auront emmené encor plus loin devant

Va faire escale auprès des cathédrales

N'oublie pas surtout de bien les saluer

Pour moi qui reste sans faire un seul geste

Et qui ne suis qu'une nomade arrêtée


Anne Sylvestre, "les Chemins du Vent"